clandestina
Chuis planquée à la cave, et la liste des choses à faire avant de bloguer est affligeante. Mais zut de crotte, ça fait trop longtemps. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de tentatives de retour avortées. J'étais sur le point d'arriver à mes fins dimanche et puis que couic. C'est que j'avais une idée en or (enfin je trouve). L'idée d'un petit mot hebdomadaire, le dimanche soir. On aurait dit que ça s'appellerait la pensée profonde du dimanche soir, parce que je ne suis jamais très à l'aise le dimanche soir. Alors pour cette fois, ce sera la foirade du mercerdi.
Au passage, je suis vraiment fière de moi. J'en suis à mon quatrième mercredi pourri pas si pourri, et aujourd'hui, j'ai même réussi à corriger des petits tas de copies (là, vous êtes sensées applaudir en disant Bravo Catherine) et au goûter, on a eu des carrés à l'avoine et aux dattes (là, je vous interdis de vous marrer... sauf ma frangine). Et je n'ai pas encore écrit de grossièreté, mais ça, c'est mon nouveau moi civilisé. Pour une dépressive du mercredi, c'est pas si mal.
C'était le quart d'heure autosatisfaction, maintenant, Camarade, passons à l'autocritique. Et puis je vais un peu raconter ma vie si vous voulez bien. Je suis régulièrement prise de doute, de mollesse bloguesque, d'apathie.. d'abloguie, voilà docteur, je souffre d'abloguie. Le fait est que je n'ai plus rien à raconter : je ne vis plus à l'étranger, je n'ai plus de problèmes de réadaptation à la France, je ne suis plus enceinte, je n'ai plus de bébés, je ne déménage plus, je n'ai plus de travaux à la maison, nous sommes tous en bonne santé. Bref, je n'ai plus de quoi me plaindre, plus personne après qui râler (quoi, que, j'ai de futurs voisins qui font des travaux très bruyants depuis 3 mois, tout n'est sans doute pas perdu). Rien non plus sur le front du boulot, pas de Vaness' en puissance, ils m'on collé des troisièmes adorables (enfin, Dylan va sans doute se révéler cette année qui sait). Bref, je deviens très ennuyeuse. Et puis je suis beaucoup trop flemmarde pour participer aux défis, au tricot treize, aux self portaits...
Je me suis dit : je vais essayer des nouveaux trucs, histoire d'envoyer un peu de vent frais. Alors allons y. Samedi dernier au café tricot, j'ai essayé de faire du crochet. Tout se présentait sous les meilleurs auspices. Il faisait beau, on était place Camille Julian, on était très contentes de se voir, de se montrer l'avancée des Damson. Moi, j'étais la ravie de la place, toute fébrile avec mon petit crochet. Je m'voyais déjà, en train de lire avec une couverture en grannies sur mes genoux, ou avec une étole fleur autour du cou. Ben ouais, je suis comme ça. En-thou-siaste ! Lourdes s'est dévouée pour mon baptême de crochet. Et on peut dire qu'elle a eu du courage. Que je suis mauvaise. Deux mains gauches pleines de pouces, une horreur. Je manque deux fois de m'éborgner, et au bout de vingt minutes, je n'ai que 10 cm de chaînette et plein de courbatures. C'est pas grave, elle a manqué une vocation Lourdes, si seulement j'avais autant de patience avec mes élèves... Et que je te réexplique, et vas-y que je te remontre la maille coulée, et que j'essaie de te montrer la bride pour faire diversion. Pour en rajouter une louche, Sylvie me nargue "t'es sûre que tu veux pas d'essayer un granny pour voir, c'est chiant la chaînette"... me dit-elle de sa voix flûtée, en agitant son crochet gravé dans tous les sens. Oui, elle est comme ça, Sylvie, elle ne joue qu'avec les crochets gravés, dans la cour des grandes ! Devant ce qui s'avère être un rejet total du crochet, Loulou s'en est sortie de façon magistrale : "non mais c'est rien, il faut que tou trrrouves (oui, je sais, c'est bas de ma part) ta technique, chacun le fait à sa manière".
Bon, que conclure de cette expérience :
- qu'en vieillissant, j'apprends beaucoup moins vite
- qu'en vieillissant, j'ai plus vite des courbatures
- qu'en vieillissant, je suis toujours aussi optimiste, car non, je n'ai pas abandonné ce rêve de couverture en crochet aux couleurs chatoyantes (mais Jérôme n'en sait rien)
- que les girls du café tricot sont vraiment des amours
- que je suis jalouse de Lourdes et de Sylvie
- que j'ai hâte de finir mon troisième Ishbel pour m'attaquer à Damson (cherche pas Moumouche, c'est codé)
- que le samedi après midi est sans aucun doute mon moment préféré de la semaine
Et que vivement que je dompte la bête parce que la chaînette, c'est très pénible. Bon tout ça pour recevoir vos condoléances, vos encouragements, vos expériences, vos témoignages que j'espère nombreux : "moi, ma première fois au crochet ..."