Ma brillante carrière internationale. Douche froide.
J'ai mis deux titres, parce que franchement, je les trouvais aussi bien l'un que l'autre. Faut que je vous raconte un truc assez pourri. Parce que faut pas croire, mais, notre vie professionnelle à nous, dans l'éducation nationale peut aussi être source d'excitation, de rebondissements, de valorisation des expériences, de mutualisation des compétences... Le délire quoâ.
Il y a deux ans, j'ai fait une formation qui me permet (théoriquement, tout reste très théorique aujourd'hui) d'enseigner en section européenne (je fais de l'histoire géo, mais en Anglais). Sauf que pour faire ça, il fait qu'un poste s'ouvre. Ca s'appelle un poste à profil (les mauvaises langues disent qu'il faut être dans les petits papiers de l'inspecteur, mais je suis sûre que c'est pas vrai). Bon, j'ai tout bien fait comme il fallait. J'ai le profil. Mais pas le poste.
Autre léger problème, comme je suis arrivée depuis peu de temps et personne ne me connaît (pour l'instant, hé hé hé). J'avais juste répondu, pendant l'année, à un mail de mon IPR (celle de la formation), qui cherchait à recenser les personnes ressources susceptibles de pouvoir enseigner en section européenne. Je suis donc une personne ressource qui a le profil.
C'est là que ça devient intéressant. Mardi soir, je reçois un message sur mon portable de cette même IPR au sujet des sections européennes. Là, ma tension monte à 120, je cogite (je m'agite) parce que si cette dame m'appelle en plein mois de juillet à ce sujet c'est forcément pour quelque chose d'hyyyyyper important. On se calme Catherine. Mais non, c'est pas possible de se calmer ! J'ai pas envie d'attendre demain matin pour savoir. Heureusement, Jéjé est là pour me confisquer le portable, des fois que j'essaie de téléphoner à 3heures du mat (il a bien fait).
Le lendemain matin, je m'arme de tout mon courage (rapport au fait que je déteste téléphoner à des gens que je connais pas, alors un inspecteur je vous raconte même pas, limite si je n'écris pas mon texte avant). J'avais bien raison, elle me propose un poste. Non, elle me propose même DEUX postes : un temps complet en lycée (yessss) avec une section internationale (reyeeessss) mais c'est à l'autre bout de l'académie (pas yesss), et juste une section européenne dans un autre lycée (là je dis voui). Je lui avoue que je n'ai pas d'expérience, que j'ai juste le diplôme. C'est pas grave, elle me veut.
J''attends de raccrocher pour faire trois triple loots et deux flip flaps dans le salon, parce que je viens d'avoir le poste de rêve : je reste dans mon collège, mais avec une partie de mes cours en lycée. Purée c'te chance. Amour, joie, youpi, tralala, pouêt, pouêt, hug, kiss, love, caresse, mmmmc'quej'suiscontente. Mais tu te doutes bien, toi, ami, ou membre de l'éducation nationale, ou les deux (en gros, y'a qui, Moumouche, Agnès, Robert, Christine ?) que si j'ai mis un titre comme celui là, c'est parce qu'il y a une blague derrière. Je dirai smême, comme à Vesoul : une beude. Petite précision lexicale, pour ne non franc comtois qui lit ces lignes. Une beude, c'est une grosse blague très lourde. Une blague de kéké en somme. Exactement la blague que peut faire le gars qui prépare le punch. Mais des fois, même une IPR non franc comtoise peut faire des beudes. La preuve : 2 heures après, elle me rappelle, avec une petite voix. Pour me dire que ce salopard de proviseur de merde (ce sont presque ses termes) a fait basculer la dnl sur les maths et la physique. Traduction, ils n'ont plus besoin d'une personne avec mon profil, c'est un connard de prof de maths et un enculé de prof de physique qui vont se partager mon boulot. Mmm, ils vont bien s'éclater les élèves à faire des maths et de la physique en anglais. Passée la minute où je me retiens d'insulter l'IPR "Nan mais connasse, tu pouvais pas vérifier AVANT, tu veux que je meurs d'une crise cardiaque c'est ça ?". Je me ravise. Je vomis sur les maths et la physique. Je vomis sur les proviseurs. Je propose à l'IPR d'aller chier devant le bureau du protal ... Nan, j'rigooole. Mais c'est assez récent. Et puis je n'ai pas dit mon dernier mot.