Je ne sais pas depuis combien de temps...
Voilà, encore un mercredi. Nettement moins folle journée que la semaine dernière. Tout le monde a l'air de s'être endormi, j'ai Hhmmm copies qui m'attendent (elles sont là, bien sages), et je suis là à raconter mes fadaises. A hésiter entre livrer la recette du gâteau aux noisettes qu'on va attaquer au goûter, à donner les nouvelles sur birch (qui est presque fini, youpi), à répondre à un questionnaire, et puis non. Les vacances sont là, qui m'attendent à la fin de la semaine (j'adore ce moment de tous les possibles, avec ce chèque en blanc de 10 gros jours, qu'est ce que je vais bien en faire, pour le moment, les hypothèses se portent sur une retraite volontaire en Haute Patate, mais qui sait...), et j'aurai tout le temps de raconter ça en détail.
Non, je m'étais promis d'essayer de raconter quelque chose d'un peu étrange qui m'est arrivé dimanche. Dimanche, je suis allée voir ma Grand Mère, ma Bonne Maman (BM pour les intimes), et comme on était un peu en avance, on est allés faire un tour à la pièce d'eau des Suisses, et comme l'orangerie était en face, on ne s'est pas privés (oui, on s'est est fourré jusque là).
Tout était parfait. Les par terre à la française, l'odeur de fleur d'oranger, les feuilles qui commençaient à tomber mais pas trop trop, les fontaines, le vent un peu frais (j'aurais mieux fait de mettre un pull), les questions des enfants (c'était un chevalier le roi soleil, et les princesses elles étaient où dans le château)...enfin tout. Je me suis demandée depuis combien de temps je n'étais pas venue là sans trouver de réponse précise.
Plus tard, quand nous étions en train de raconter toutes nos petites histoires, tout ce qui c'était passé pendant qu'on était partis, les naissances, les voyages des uns et des autres, les projets...je me suis posée la même question : depuis combien de temps n'avions nous pas passé un moment ensemble. C'était quand la dernière fois?
Et je suis comme une andouille depuis quatre jours à traîner un truc un peu cafardeux derrière moi "est-ce qu'on se rend compte qu'on fait quelque chose pour la dernière fois?". Oui oui je sais, c'est une question que je me suis posée après un ou deux verres, un peu émue de retrouver tout mon monde, un peu soulagée que la magie opère encore, mais ça me turlupine un peu ça, le coup des dernières fois. C'est toujours là cette idée de profiter de tout comme si je le faisais la dernière fois, mais là, un peu plus...est-ce que les souvenirs sont plus précis, est-ce qu'on passe un meilleur moment...
Un exemple: question cruciale. Juillet 1992, devant le concert des négresses vertes avec ma soeur et des amis, est-ce que j'aurais passé un meilleur concert si je savais que je ne les reverrai jamais, si j'avais su que c'étaient mes dernières eurockéennes? Un autre plus vieille: Août 1986, est-ce que j'aurais passé de meilleures vacances si j'avais su que c'étaient les dernières en Italie? J'ai du plus récent , du moins léger (je devrais même dire de la chimie lourde), mais bon, je me retiens.
Et là, si je savais que ce sont mes dernières copies, vous croyez qu'elles passeraient mieux?