littérature comparée. Sociologie de la paraboot.
Journée du patrimoine hier. J'ai dû interrompre le récit de dimanche pour aller visiter force manoir et château cauchois sous le soleil. Ça nous avait un peu manqué les vieilles pierres, et j'aime bien ces journées du patrimoine "c'est dingue, c'est à côté de la maison, et on n'y a jamais mis les pieds", "j'aurais jamais imaginé que c'était aussi grand, ça paie pas de mine quand on passe devant".
Le château surplombe la vallée de la Seine, on devine le passé "gros châtiau" médiéval défensif, avant la transformation en petite folie XVIIIème. Les jardins sont superbes, je vois sans peine les marquises folâtrer derrière les buis, glousser d'aise dans l'orangerie. Vite vite la visite commence. Nous voilà autour du bassin, tous très attentifs aux commentaires du maître des lieux. Il est au poil.Tenue du dimanche, pas distant pour deux sous, histoire de ne pas braquer le gueux. Chemise oxford bleue à longues manches, foulard de soie imprimé cachemire (la cravate aurait fait un peu rigide). Velours côtelé, et paraboot, juste fatiguées ce qu'il faut. Je me suis interrogée de longs mois sur le flegme des mères américaines. J'ouvre une nouvelle campagne de recherche: comment font les châtelains-les versaillais-les abonnés à la vie catholique-ceux qui commandent chez cyrillus...pour avoir des paraboots toujours "un poil fatiguées mais pas trop nazes quand même" ?
J'ai quelques pistes :
- ils ont toujours des paires d'avances, les portent en cachette à la maison pour les patiner
- ils ont des magasins spécialisés dans la para fatiguée
- ils en achètent un paire quand ils sont jeunes, les portent toute leur vie, et ne les usent que très peu...
Je suis perplexe, avide de percer le mystère. D'autant plus que ce matin, alors que je circulais dans les rangs en surveillant un devoir en classe, j'ai remarqué un truc dingue, si, si, vous allez voir : trois de mes élèves étaient chaussés de paraboots. (Je vous avais dit que c'était dingue). La paraboot terminale STT, elle ressemble plutôt à ça: la Morzine rutilante. Pas patinée pour deux ronds, je la soupçonne même d'être un instrument de mortification, tellement ça a l'air de faire mal aux pieds. A la récréation, je traverse la cour, l'esprit aiguisé par ma découverte. Version outdoor, la paraboot est portée, tenez vous bien, avec un dufflecoat...et un bob lacoste. Je suis en pleine hallucination ! Ou je suis partie depuis trop longtemps et la mode a beaucoup évolué chez les 16-20 ans...
Enfin bon, je suis ravie, j'ai de quoi occuper mes neurones pour les mois à venir. Après la géographie de la santiag aux Etats-Unis, faut-il engueuler son gosse en public, ce sera : les détourenements des codes vestimentaires de la bourgeoisie...Le reste est à définir.